J'ai mis du temps avant de lui parler, pourtant ma mère a toujours exactement les mots qu'il faut. Je l'aime pour ça. Parfois je n'ose plus, on ne se voit plus assez souvent. Ça doit sortir de nul part, et ce ne sont pas des mots qui peuvent sortir de nul part... Alors je garde cet air la jusqu'à ce qu'elle me demande: ça va toi? Je dis oui et si j'ai le courage je finis par dire ce qui va moins bien. Cette fois je lui ai dis que j'étais fatiguée de penser à lui, et elle m'a répondu "ce serait plutôt inquiétant si tu n'y pensais plus". Voilà, je le savais - exactement ce que je voulais entendre. J'avais besoin de savoir que c'était normal, que ça allait me passer. Comme si elle savait parfaitement ce dont j'ai besoin à chaque fois. Il suffisait de cette phrase, ça ne changera pas le fait que j'y pense mais ça m'aide. Elle continue même Tu as quelqu'un, des copains qui.. te distraient? Un dixième de seconde j'ai été choquée par cette question, et puis non, finalement j'ai pensé elle me connait vraiment beaucoup. Oui, mais si tu savais c'est comme avant, je ne ressens plus rien. Mais ça va, je suis heureuse. Parfois je pense seulement à y retourner et lui dire que je l'aime toujours, alors que dans un coin de ma tête je sais qu'il ne représente pas l'homme avec qui je m'imaginais vivre. Je sais que c'est impossible, et c'est là que j'arrive à ne pas lui écrire. Je vais plus que bien parce que je n'ai pas vu ma mamie si heureuse depuis longtemps, j'ai pensé que je devais lui dire alors je l'ai fait. Quand j'ai parlé d'elle à ma sœur, elle a dit "c'est bien! Mais il faudrait pas qu'elle soit trop enthousiaste, enfin si ça redescend après...". J'ai bien voulu lui dire Mais qu'est ce que tu racontes ma pauvre. Mais je n'ai rien dis, on s'est déjà assez détestées. Tout à l'heure j'ai retrouvé ce mot qu'elle m'a écrit avant son premier déménagement "J’espère que mon départ nous fera réaliser qu'on s'aime". Je crois que je ne pourrai jamais la supporter ni la comprendre. Mais je resterai la, je suis venue l'aider ce soir. Enfin voilà, on en est là. La seule chose dont je ne peux parler avec ma mère est le chat. Le reste, comme avant, va très bien.